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La Saga Inspirante de Coworky : « Quand les rêves deviennent réalité grâce à Fadi SOUILEM, le visionnaire de Nabeul »

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Au cœur de la région du Cap Bon en Tunisie, un lieu de convergence pour l'innovation et l'entrepreneuriat a vu le jour sous le nom de Coworky. Bien plus qu'un simple espace de travail, Coworky incarne une communauté dynamique d'esprits créatifs, de porteurs de projets et de startups. À travers des programmes d'incubation sur mesure, un accompagnement attentif et un coaching perspicace, Coworky s'est hissé en tant que pilier de l'entrepreneuriat dans la région. Interview.

 

 

Comment est né le concept de Coworky et quelle a été l'inspiration derrière la création du premier espace de coworking à Nabeul

L'aventure a débuté à la fin de l'année 2016, lorsque nous avons inauguré notre premier espace de travail partagé. C'était le commencement d'une vision bien plus vaste, celle de créer un véritable pôle d'entrepreneuriat au cœur du Cap Bon en Tunisie, une première dans la région.

Les fondements de Coworky étaient en réalité tissés à partir de plus de 12 ans d'expérience. Mon parcours en tant qu'ingénieur en informatique m'a confronté à une réalité frustrante : le manque d'entreprises spécialisées dans le domaine des technologies de l'information à Nabeul. Cette situation m'a poussé à effectuer le trajet quotidien entre Nabeul et Tunis, à la recherche d'opportunités.

Cependant, un tournant décisif a marqué mon cheminement. Mon entrée dans le programme Founder Institute, soutenu par l'ambassade des États-Unis en Tunisie, a été un véritable catalyseur. C'est là que j'ai découvert la puissance du coworking et que j'ai eu le privilège de rencontrer des jeunes âgés de 19 à 20 ans, chacun brûlant d'envie d'entreprendre et de bâtir un avenir radieux.

Cette expérience m'a ouvert les yeux sur la puissance de la communauté, une force capable de réunir des esprits passionnés autour d'un objectif commun. C'est à ce moment que l'idée de Coworky a commencé à prendre forme dans mon esprit.

En décembre 2016, j'ai pris un pas en avant audacieux et lancé Coworky, le premier espace de coworking du Cap Bon. Cependant, rapidement, j'ai réalisé qu'il ne suffisait pas de rassembler des individus dans un espace partagé. À cette époque, l'écosystème entrepreneurial en Tunisie n'était qu'à ses prémices, les discussions sur la Stratup Act marquant les prémices d'un mouvement en gestation.

L'objectif initial était de convaincre des entreprises de s'établir à Nabeul. Nous avons réussi à attirer l'attention de quelques grandes entreprises tunisiennes qui ont ouvert des bureaux localement et ont commencé à recruter. Cependant, nous ressentions le besoin de faire plus, d'aller plus loin.

En 2020, une nouvelle étape audacieuse a été franchie. En partenariat avec la GIZ, nous avons lancé le premier cycle d'incubation de startups à Coworky. C'était une initiative révolutionnaire dans la région du Cap Bon. Nous voulions savoir si notre espace pouvait devenir le berceau de projets novateurs et passionnants. Les résultats ont été plus qu'encourageants. Parmi les idées brillantes qui ont émergé, celle de Seabot, la première startup africaine à fabriquer des drones sous-marins, s'est démarquée.

Aujourd'hui, elle brille sur la scène internationale. Cette expérience nous a montré que l'incubation était la voie à suivre. C'est ainsi qu'est né le concept d'ajouter l'incubation à nos services, tout en continuant à offrir un espace inspirant pour la création et la collaboration.

 

 

Comment Coworky a-t-elle surmonté les principaux défis lors de sa création et de sa gestion ?

Au début, notre défi majeur était de développer davantage la culture entrepreneuriale en dehors de la capitale. En l'absence de dynamisme naturel, nous devions nous-mêmes nous efforcer d'encourager les gens à participer aux évènements. Il n'y avait pas une dynamique préexistante, et nous avons ressenti que nous contribuions à façonner la communauté et l'écosystème, qui n'étaient pas encore très matures.

Notre impact sur la région est devenu évident, surtout après le succès de notre premier cycle d'incubation. En 2020, à peine un an après notre lancement, cinq espaces de coworking ont vu le jour. Cette progression indique que notre modèle était un exemple réussi, montrant qu'il est possible de le reproduire.

De 2016 à 2021, nous étions les seuls dans la région. Nous avons investi beaucoup d'efforts pour développer la structure de l'écosystème, qui était encore à un stade rudimentaire et principalement axé sur le secteur public. Avec le temps, nous avons réussi à façonner une communauté en ne se limitant plus à être seulement un espace de coworking, mais plutôt un véritable pôle d'entrepreneuriat offrant des services d'incubation et d'accompagnement.

En 2022, nous avons réalisé une autre étape importante en devenant space certifié par Smart Capital en tant que SSO (Structure de Soutien à l'Entrepreneuriat), nous avons été reconnus pour nos chiffres et notre trajectoire de travail, ce qui a été un critère déterminant pour obtenir cette certification.

 

Quel impact positif Coworky a-t-elle eu sur les entrepreneurs, les freelancers et les nomades professionnels qui ont utilisé l'espace ?

Au cœur de notre parcours, Coworky a façonné un écosystème où des esprits partageant une vision commune se rassemblent pour créer des synergies uniques et favoriser des connections profondes. Cependant, notre impact ne s'est pas arrêté à la simple création d'un espace de travail collaboratif ; il a transformé la mentalité même de notre communauté locale.

L'une de nos plus grandes réussites réside dans notre capacité à convaincre notre région que la réussite ne dépend pas uniquement de la proximité de la capitale. L'élan du succès peut être initié et maintenu ici même, dans le sol de Nabeul. Plus besoin de faire le pèlerinage vers la ville pour prospérer.

 

 

Désormais, une étincelle d'ambition s'est allumée au sein de la communauté Coworky. L'idée que Nabeul puisse se transformer en un tremplin pour l'Afrique, voire le monde entier, s'est répandue. Les rêves deviennent plus grands et plus audacieux. L'avenir, jadis limité, s'est élargi pour inclure une vision où des esprits venus d'Europe, d'Amérique et au-delà, pourraient s'installer à Coworky. Un lieu où les nomades digitaux trouveraient une maison et où les entrepreneurs internationaux traceraient leurs voies.

 

Cela engendrerait une nouvelle ère d'opportunités, où Nabeul deviendrait un centre rayonnant pour les marchés du Moyen-Orient et de l'Afrique. Les talents locaux, qui jusqu'alors cherchaient des opportunités ailleurs, deviendraient la base solide sur laquelle reposent les entreprises internationales qui choisissent de s'implanter ici. C'est une histoire de symbiose : les entreprises apportent leur expertise et leur investissement, tandis que les compétences locales nourrissent leur croissance. Cette alchimie génère une richesse nouvelle et permet à l'économie locale de s'épanouir, créant un cercle vertueux d'opportunités et de prospérité.

 

Quelles initiatives et activités clés sont mises en place dans le programme FoodLab'i pour renforcer les capacités des porteurs d'idées dans le secteur de la foodtech ?

Le programme FoodLab'i a été créé avec une inspiration puisée dans le plat tunisien emblématique "lablabi". C'est une initiative qui s'aligne sur le secteur alimentaire et qui tire son nom de cette référence. Lors de mon séjour aux États-Unis pendant une période de crise alimentaire en Tunisie, j'ai constaté un contraste frappant entre les deux pays.

En effet, les États-Unis connaissent une abondance alimentaire, alors qu'en Tunisie, de fortes pénuries étaient observées. J'ai réalisé que le problème ne résidait pas seulement dans la production, mais aussi dans l'innovation à travers l'agriculture et la distribution.

C'est ainsi que l'idée de FoodLab'i a émergé avec pour objectif de rassembler des idées novatrices pour surmonter les défis du secteur agroalimentaire en Tunisie.

Le programme se déploie par le biais d'un cycle d'incubation. Nous invitons des individus porteurs d'idées, principalement dans le domaine de l'alimentation et des boissons, en mettant l'accent sur la chaîne de valeur et ce, de la production à la consommation. L'objectif est de tenter de juguler les pénuries alimentaires ou du moins d'explorer des solutions innovantes pour résoudre ce problème.

Pour donner davantage de valeur à ce programme, nous avons mis en place un advisory board composé d'entreprises et de startups tunisiennes expérimentées dans le secteur. Cette approche n'est pas celle d'un programme d'incubation classique. Nous avons eu des discussions fructueuses ateliers pour conceptualiser un cycle d'incubation novateur.

Ce cycle se concentre davantage sur la mise en pratique, l'expérience client et la vente. L'objectif n'est pas seulement de dispenser une formation, mais aussi de créer une synergie afin de transformer une idée en une proposition concrète à présenter à une entreprise.

Le programme financé par Flyweel a été récemment lancé et nous avons terminé la première étape de présélection. Nous avons choisi huit idées de startups pour la première cohorte. Nous avons veillé à diversifier les domaines en mettant particulièrement l'accent sur l'Agritech. Le premier atelier est prévu pour la fin du mois d'août et portera sur les "modèles d'entreprise dans le secteur de l'alimentation et des boissons".

 

 

Comment Coworky envisage-t-il d'évoluer et de se développer pour continuer à soutenir l'innovation et répondre aux différents besoins de la communauté du coworking ?

Nous avons une vision ambitieuse pour soutenir l'innovation et répondre aux besoins de la communauté du coworking. Actuellement, Coworky est engagée dans trois principaux domaines : le coworking, l'hébergement et l'incubation. Nous ne nous concentrons pas uniquement sur le programme d'incubation actuel.

En effet, nous sommes en train de mettre en place un projet pilote baptisé 'Chabeb for Tech'. Ce projet vise à transformer les maisons de jeunes dans les gouvernorats du Cap Bon en hubs d'idéation. Ainsi, au lieu de trouver uniquement des clubs de sport ou de musique, les jeunes auront accès à des activités liées à l'entrepreneuriat.

Cette initiative vise à offrir des opportunités à toutes les régions qui ne disposent pas d'universités ou d'espaces de coworking locaux, et ainsi, nous aurons un accès accru à des idées novatrices. À ce jour, nous avons déjà accompli plus de 50 % de l'objectif visant à transformer les maisons de jeunes en hubs d'idéation. Cela contribuera à alimenter en permanence le flux d'idées sur lesquelles Coworky pourra travailler à l'avenir.

Concernant l'activité d'incubation, nous collaborons avec des business angels pour créer un fonds d'investissement dans la région du Cap Bon.

Nous mettons également en œuvre un projet stratégique appelé 'Cap Bon Innov', qui représente le premier partenariat public-privé dédié à l'incubation de startups en Tunisie. Cette initiative est menée en collaboration avec l'APII, l'APIA et le Technopole de Borj Cedria.

L'objectif de ce projet est de rassembler les acteurs privés et publics pour créer un hub d'innovation, positionnant la région de Nabeul comme un écosystème propice à l'idéation et à la création d'entreprises innovantes. Nous aspirons à présenter Nabeul comme une destination unifiée, offrant tous les éléments nécessaires pour attirer des entrepreneurs du monde entier et les encourager à lancer leurs startups ici.

Nous avons également établi une convention de collaboration avec la région de la Nouvelle-Aquitaine à Bordeaux, en France. Cette collaboration nous permettra de travailler ensemble sur le transfert de technologie et des connaissances.

Propos recueillis par Jihen MKEHLI

Publié le 22/11/23 09:40

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